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Protocole d’interview du point focal genre de l’INSAE

1- Présentation

Je réponds au nom de Gisèle HOUESSOU ASSABA, Socio-Anthropologue et mère de deux enfants. Je suis en service à l’INSAE depuis novembre 2007 et actuellement Chef du Service Mouvements de la Population à la Direction des Etudes Démographiques.

2- Comment appréciez-vous le thème central de la Journée Internationale de la Femme, édition 2019 ?

Depuis que nous sommes rentrés dans le cycle des Objectifs de Développement Durable (ODD), tout tourne autour de ces objectifs, boussole de la période 2015-2030. Ainsi, à mon humble avis le thème retenu cette année au niveau international à savoir« Egalité pour ligne de penser, des constructions intelligentes, changement pour l’innovation », autrement dit « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement », traduit d’une certaine façon la volonté des Nations Unies d’attirer une fois encore l’attention de tous, sur la nécessité d’une réflexion sur les moyens innovants permettant de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, dans les domaines relatifs aux systèmes de protection sociale, à l’accès aux services de base et à la construction d’infrastructures durables. Par ce choix, il est visé à terme,  la réalisation de l’objectif 5 des ODD intitulé "Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles".

3- Quelles sont les implications pour vous ?

A travers cette thématique, il nous est proposé de réfléchir aux moyens innovants devant permettre de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, notamment dans les domaines cités plus haut. En effet, la réalisation des ODD exige des changements transformateurs, des approches intégrées et de nouvelles solutions, en particulier lorsqu’il est question de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et les filles.

4- Comment meublez-vous vos journées de travail ?

Régulièrement, je passe en revue le Plan de Travail Trimestriel (voire annuel), qui est décliné en plan de travail mensuel, voire hebdomadaire. Ainsi, au jour le jour, j’ai une idée de ce que je dois faire comme travail au boulot. Après une journée de travail, au vu des activités de la semaine en cours, je mentionne les différentes tâches/activités à exécuter le jour suivant dans mon cahier de réunion ou sur des post ’It. Ainsi, dès le lendemain, je m’y mets, mais en ayant toujours en esprit que des imprévus peuvent arriver. On compose avec même si cela désorganise souvent. Etant donné que je suis dans une direction où il n’y a pas de cloisonnement entre les services, j’exécute toute activité pour la bonne marche de la direction à temps et à contre temps. En effet, quand le travail "oblige" à aller au-delà des heures réglementaires de service, c’est avec toute la conscience professionnelle requise que cela se fait. La prise du petit déjeuner (entre 8h30 et 10h30) est importante pour moi (à moins que je jeune) ; cela me fortifie pour la journée ; et je préfère y aller moi-même car cela me permet de me dégourdir les jambes et de "respirer". Une fois revenue du petit déjeuner, je m’enferme pour continuer la mise à exécution de mon planning journalier. Je me lève au moins une fois toutes les quatre-vingt-dix minutes pour me dégourdir les jambes (au sein de la direction et quelque fois d’autres directions) et bien évidemment pour les pauses sanitaires. Quand c’est possible, j’observe trente minutes de pause entre 13h et 15h où je ne touche à aucun document de l’INSAE, ni à mon téléphone. Après cette pause, le travail reprend jusqu’à la fin de l’heure officielle (18h30). Toutefois, je dois avouer que souvent, la meilleure concentration est observée après 18h30 où tout est calme. Mais, les obligations familiales nous "ramènent à la raison".

5- Et la conciliation avec les exigences de la maison ?

Il faut accepter faire des conciliations, des arrangements avec son époux, ses enfants, en un mot avec sa petite famille pour pouvoir travailler efficacement à l’INSAE. Je le dis parce que de par mon expérience dans l’institut, les exigences du travail vous font beaucoup voyager tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Or étant femme au foyer, ce n’est pas toujours facile. Au passage, je tiens à féliciter la DGA et toutes les femmes de l’institut quel que soit le poste qu’elles occupent.

6- C’est aussi facile ?

A priori, rien n’est facile, rien n’est difficile. Il faut y aller avec du tact et de la méthode ; y mettre du sien et aimer ce qu’on fait. En fait, j’ai appris à travers mes lectures ceci : « ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas, mais c’est parce que nous n’osons que c’est difficile ».Alors il faut oser, savoir oser et aussi demander le secours de Dieu.

Par ailleurs, il faut aussi accepter de faire des erreurs et les corriger, c’est formateur car seul celui qui ne fait rien ne peut se tromper. « Les gagnants ne sont pas ceux qui n’ont jamais chuté, mais c’est ceux qui ont su toujours se relever ». Il n’y a pas d’école pour apprendre à être femme travailleur, épouse et mère. Tout s’apprend au jour le jour, en fonction de ses expériences personnelles et de celles des autres même si « l’expérience de chacun est sa vérité ».

7- Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes filles voulant faire comme vous ?

Avant toute chose c’est aimer ce que l’on fait et cela se traduit par une bonne exécution de ce dernier (tout au moins dans la limite de ses compétences, de ses aptitudes). Par exemple en tant que Socio-anthropologue, je n’avais jamais songé, au prime abord, à travailler à l’INSAE, qui selon moi est la maison des chiffres, des mathématiques, des calculs et que sais-je encore. Mais parce que je me suis faite remarquée positivement lors d’une consultation j’ai pu y obtenir en son temps un stage en 2006. A travers ce stage, j’ai pu me rendre compte que même étant Socio-anthropologue, j’ai bel et bien une place à l’INSAE, celle qui consiste à donner des explications à certains faits, phénomènes ou événements de la population. Dans le but de me perfectionner, je me suis mise à l’école du donner et du recevoir : tandis que j’apportais ma contribution en termes de rédaction d’analyse et autres, je recevais des démographes et statisticiens leurs savoirs car j’ai accepté "aller à leur école". Et sans complexe, mais avec beaucoup de patience et de sacrifices, je me suis "enrichie". Egalité (des sexes) oui, mais on ne te l’offre pas sur un plateau d’argent ; c’est à toi ma sœur de te battre pour l’avoir.

8- Mot de fin

D’abord un grand Merci au Ministre d’Etat puis au Directeur Général pour leur geste à l’endroit de toutes les femmes de l’INSAE et pour ce clin d’œil spécial au point focal genre de l’institut. C’est vrai que nous commémorons chaque année la Journée Internationale des droits de la Femme mais celle de cette année est spéciale. Une fois encore MERCI.

MERCI à nos époux qui ont accepté de nous laisser travailler, nous autres femmes. Beaucoup ont voulu travailler mais parce que le mari/compagnon s’y est opposé, elles se sont vu leurs ménages brisés, disloqués.

MERCI à nos enfants pour tous les sacrifices consentis. Au bout de l’effort, le réconfort ; et c’est pour ce réconfort, bien-être de tout un chacun, au sein de nos familles respectives que nous travaillons, pour un avenir plus radieux, pour un pays où il fait bon vivre.


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